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Les timbres : Infos et conseils philatéliques pour mener à bien votre collection

Dossier Octobre 2010

Voir la Flamme du 08 Août 1966 à 18:45, Cruseilles (Haute Savoie) France, en rapport avec ce dossier
Voir le Timbre numéro 3403, France, datant de 2001, en rapport avec ce dossier

Les ponts de la Caille

Texte d’après l’abbé J-F Gonthier.

A l’extrémité septentrionale de la petite chaîne de Mandallaz coule le torrent des Usses qui descendant du flanc oriental du Salève, vient, en décrivant un quart de cercle, prendre ici la direction du couchant pour aller se jeter dans le Rhône en amont de Seyssel.
Ce torrent a creUsé, entre la chaîne dont nous parlons et le plateau de Cruseilles, un ravin ayant environ 200 mètres de largeur, 150 de profondeur et une longueur de mille pas.

Sur ce ravin, on a jeté un pont hardi bien connu sous le nom de Pont de la Caille ou pont Charles-Albert ; et là-bas, au milieu de ces gorges pittoresques, on aperçoit, entourées d’arbres de haute futaie, deux ou trois maisons qui forment l’établissement des eaux thermales de la Caille. La source, située sur la rive gauche du torrent, se trouve dans la commune d’Allonzier, tandis que les hôtels, bâtis sur la rive droite, ressortissent à la commune de Cruseilles. C’est de ce pont et que nous allons essayer d’esquisser l’histoire.


Les ponts de la Caille

Avant la création du Pont Charles-Albert, on passait les Usses plus en amont.
Parvenu à la bifurcation de la route actuelle d’Annecy à Genève et de celle qui monte à Villy-le-Pelloux, le voyageur venant d’Annecy suivait un instant cette dernière, traversait le hAmeau de la Caille, ainsi baptisé, dit-on, à cause d’une auberge à l’enseigne de la Caille, et descendait sur le bord du torrent.

Le Pont Romain
C’est près de ce confluent, à vingt pas en amont, que s’élevait l’antique pont de l’Usse, dont l’origine remonte à l’époque romaine, peut-être même bien au-delà.

Le deuxième Pont
Le pont romain durait depuis une longue suite de siècles, lorsque tout à coup, sur la fin du XVIIIème siècle, il menaça ruine.
Le roi de Sardaigne, Victor Amédée III, ordonna d’en construire un autre, à 130 mètres plus en amont (1780).
Afin de diminuer la pente à gravir du côté de Cruseilles, l’Architecte voulut donner une grande hauteur à son œuvre. Il éleva dans ce but deux murs parallèles dont il remplit l’intervalle de cailloux jetés pêle-mêle sans les lier par du mortier.
Le nouvel ouvrage présentait un bel aspect, et la naturaliste Albanis Beaumont qui publia en 1802, sa description des Alpes grecques et cottiennes, ne craint pas de dire que « le pont de la Caille » est un des plus beaux édifices de ce genre dans toute la province de Genevois.
L’on est, ajoute-t-il fort surpris de trouver un pont aussi grand et élevé sur une aussi petite rivière que celle des Usses, qui n’est considérable que lors de la Fonte des neiges…
Malheureusement, cet édifice manquait de solidité, bientôt, il menaça ruine et s’écroula définitivement en 1813.

Le troisième Pont
On le remplaça, par un simple pont de bois qu’on construisit à cent mètres en amont, à moitié chemin d’un moulin qu’on appelle de nos jours « le moulin du bois », mais qui se nommait jadis « le moulin du Coppet ». De ce point, une route aux lacets nombreux remontait la côte de Cruseilles.
Le 25 février 1814, il y eut une escarmouche aux abords de ce pont. Une colonne autrichienne, fuyant d’Annecy poursuivie par le Général Serrant, fit mine de vouloir défendre le passage des Usses.
Mais les français les attaquent vigoureusement à la baïonnette, les font plier, et les chassent le lendemain jusqu’à Copponex.

Le Pont Charles-Albert
Cependant, l’interminable montée du passage des Usses rendait très difficile les communications entre Annecy et Genève. Des plaintes unanimes s’élevèrent de la part des commerçants et des voyageurs, demandant qu’on étudiât les moyens de remédier à cet inconvénient.
Les uns préconisaient un hardi pont de pierre, dont le plan fut dressé, par l’Architecte Ruphy ; d’autres, un pont en fil de fer.
En aval du pont romain, soit de l’embouchure du ruisseau de Bougy, la berge se relève soudain de chaque côté ; et la rivière creusant son lit, se précipite entre deux rochers perpendiculaires qui la dominent de 450 pieds. C’est sur ces rochers posés en face et faisant suite au mont Terreaux que l’on résolut de jeter le pont Suspendu. Par ce moyen, on abrégeait de ¾ d’heure la distance entre Annecy et Genève et l’on supprimait la plus grande partie de la montée.
Entre les divers plans présentés, on choisit celui de M. En Bertin, ingénieur en chef des Ponts et chaussées de France.
L’adjudication eut lieu le 3à juin 1837 en faveur de Ms Ant. Blanc d’Annecy, L. Bonnardet de Lyon, Bertin de Paris, et la direction fut confiée à M. P. Lehaître. Les travaux, commencés le 10 mars 1838, furent poussés avec assez d’activité pour que tous aient été achevés et les câbles jetés avant l’hiver.
Voici la description qu’en faisait en 1839, M. Le Chamoine Sallavuard :
« Le pont est Suspendu par deux groupes chacun de 12 câbles en fil de fer, qui posent sur deux couples de tours élevées à chaque extrémité. Ces tours sont rondes, en Maçonnerie pleine et couronnée par des créneaux ; elles ont 20 mètres de hauteur au-dessus du seuil du pont, 4 mètres de diamètres, et sont construites en assises de pierre dure, liées de cinq en cinq par des crampons intérieurs en fer. Un Arc de pierre unit les deux tours, et présentant la coup d’un Arc de triomphe, leur donne un aspect tout à fait monumental. »
« Les rouleaux qui portent les câbles sont à 18 mètres 60 de hauteur. Ceux-ci vont s’amarrer dans des puits de 30 pieds de profondeur creUsés dans le roc ; ils ont 300 mètres de développement, et la distance des points d’amarre est de 235 mètres. La longueur du Tablier est de 192 mètres, sa largeur de 6, y compris les deux trottoirs de 70 centimètres chacun. Le pont est porté par 133 Poutrelles transversales sur lesquelles le Plancher est établi et les extrémités en sont attachées aux grands câbles par 266 tiges de suspension en fer. Les garde-fous sont en bois. »
L’essai se fit le 10 juin 1839.
L’épreuve exigée était un poids de 225000 kilos, répartis sur toute la longueur du pont.
Lorsque les graviers représentant ce poids y furent posés, une pluie survint, et l’absorption d’eau que firent ces matériaux, augmenta considérablement leur pesanteur.
Au même moment, un ouragan furieux vint agiter le pont : mais celui-ci résista vaillamment à tous ces assauts. On pouvait donc procéder à l’inauguration. Elle eut lieu un mois plus tard, soit le 11 juillet, et fut brillante.
C’est sur le pont Charles-Albert que passe dès lors presque tout le trafic entre Annecy et Genève. Un jour de l’An 1861, sous la poussée d’un violent ouragan, on vit le Tablier du pont se soulever de quelques mètres, redescendre tout à coup, et l’une des extrémités se brisant tomber au fond de l’abîme. Afin de prévenir le retour de pareil accident, le Tablier est maintenant retenu par des chaînes supplémentaires placées sous le Tablier lui-même.

Le nouveau Pont
Le nouveau pont, œuvre de l’ingénieur Caquot, de Lyon, a été construit en 1928. Il mesure 228 mètres de long et se trouve au même niveau que le pont voisin. Le Tablier en Béton armé, repose sur une Arche centrale de 139 mètres de portée et de 27 mètres de flèche reposant de chaque côté sur le rocher et sur deux Viaducs d’accès symétriquement incurvé par rapport au centre de la travée médiane.

Suite le mois prochain...

Je remercie l'administration de l'époque de m'avoir fourni la documentation nécessaire à la réalisation de ce dossier que je vous présente ce moi-çi.



Date de denrière modification su site : Vendredi 30 Octobre 2015 à 10:32
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