Les ponts ont de tout temps joué un rôle prépondérant dans la vie des hommes dans la mesure où ils leur permettaient de se rendre d’une agglomération à l’autre et facilitaient les opérations de troc. Il faut toutefois se représenter les premiers ponts comme de simples passerelles ou des ponts Suspendus rudimentaires tels que, par exemple, ceux que l’on rencontre aujourd’hui encore au Népal. Ces constructions faisaient souvent l’objet de légendes ; il suffit de penser au fAmeux Pont du Diable des gorges des Schoellenen (pic en Suisse vers Wassen). On plaçait aussi volontiers les ponts sous la protection d’un saint, le plus souvent Saint Jean Népomucène. Une statue de ce saint orne d’ailleurs le pont sur le Doubs à Saint Ursanne (Jura) érigé en 1729. Les ponts constituaient souvent une source de revenus intéressante pour les seigneurs de l’endroit, étant donné qu’ils percevaient des péages. Tel fut le cas de l’évêque de Bâle qui fit construire en 1220, à l’époque de l’ouverture du col de Gothard, l’un des premiers ponts sur le Rhin après la destruction des ponts romains d’Augst et de Zurzach lors des grandes invasions.

Les Romains étaient passés maîtres dans l’art de bâtir des ponts et construisaient de préférence des Voûtes en demi-cercle. Au moyen-âge, de nombreux ponts en pierre naturelle de ce genre furent érigés dans notre pays ; par exemple l’ « Untertorbrücke » à Berne, qui date de 1461 et qui est encore largement utilisé de nos jours, ou encore le magnifique pont sur la Thur près de Bischofszell, construit en 1487. Dans les régions montagneuses, des bâtisseurs indigènes restés inconnus pour la plupart érigèrent d’audacieux ponts de pierre dont certains existent encore aujourd’hui. Dans les Alpes, les constructeurs de pont ont eu aussi très souvent recours au bois, et ce jusqu’au XIXème siècle. Le nom de Grubenmann, des bâtisseurs originaires de Teufen (Appenzell RE), est demeuré, en Suisse, indissociable de la construction des ponts de bois. Témoins de leur immense savoir, les deux ponts de Wettingen et de Schaffhouse, malheureusement incendiés par les Français durant les combats de 1799, dont l’Arche avait une portée libre de plus de 60 mètres. En outre, aucun des anciens ponts Suspendus de la Suisse n’a malheureusement pu être conservé ; le plus célèbre d’entre eux était le Grand Pont de Fribourg. Construit entre les années 1832 et 1834, il avait une portée de 273 mètres, ce qui constituait un véritable exploit pour l’époque.

L’invention des méthodes de calcul scientifiques, l’industrialisation du traitement du fer et l’apparition des premières lignes de chemin de fer révolutionnèrent la construction des ponts vers le milieu du siècle dernier. On vit alors apparaître des systèmes de construction entièrement nouveaux, notamment des Poutres en treillis à mailles serrées. Presque tous les ponts de chemin de fer de cette époque furent construits avec ce matériau ; c’était le cas à l’origine, de la plupart des ponts de la ligne du Gothard. On commença également à utiliser l’Acier pour construire d’immenses Arches de ponts ; les deux grands ponts sur l’Aar, à Berne, en sont un exemple.

L’apparition du Béton armé, dans les premières décennies du XXème siècle, fut d’une importance considérable pour la construction des ponts. C’est en 1914 que fut construit, sur la ligne Coire-Arosa, le premier pont de chemin de fer en Béton ; ce pont avait une portée de 100 mètres, une distance elle aussi remarquable pour l’époque. L’invention, au début des années 50, du Béton armé Précontraint donna un nouvel élan à la construction des ponts. Le Précontraint permit en effet la réalisation de ponts autoroutiers et ferroviaires tout à fait imposants. Alors qu’autrefois, on essayer de surmonter les obstacles, par le chemin le plus court, il est possible aujourd’hui, grâce à des voies de communication modernes, à savoir des tracés aussi direct que possible.

La Série de Timbre consacrée aux ponts, créée par Pierre Baur, de Herrenschwanden, donne un aperçu des différents genres de ponts qui existent et représente quatre ouvrages marquants situés dans différentes régions de la Suisse.


Le premier ouvrage est le pont de pierre naturelle près de Lavertezzo. Le pont de pierre naturelle érigé par Lavertezzo, dans le val Verzasca (Tessin), peut être cité comme exemple du sens consommé de la forme que possédait un Architecte de la région dont l’histoire a été érigée au XVIème siècle. Une gravure datant de 1884 nous apprend qu’une des Arches s’était écroulée et qu’elle avait été remplacée par une simple passerelle en bois. L’ancienne Voûte fut toutefois reconstruite au début de ce siècle, de telle sorte que le pont se présente de nouveau tel qu’il était autrefois.