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D’origine haut-marnaise, la Saulx servit de frontière entre Champagne et Barrois. Les ponts ReNaissance ne sont pas les moindres des monuments dont se pare le cours de cette jolie rivière.

La vallée de la Saulx possède toutes les qualités d’une vallée heureuse. Quelques grands esprits, les frères Goncourt ou André Theuriet, ont aimé contempler cette rivière à truite au courant rapide. On dit également que Paul Claudel trouva en ces lieux l’inspiration du Partage de Midi. Au Moyen-âge, chaque village de la vallée possédait son château. Les monuments d’art et d’histoire s’y admirent encore nombreux et Haironville s’enorgueillit à lui seul des châteaux de la Varenne (XVIème siècle), de la Forge (XVIIIème siècle), de la Tour (XVIème siècle). Les ponts ReNaissance ne sont pas les moindres des monuments dont se pare le cours de de la Saulx. Ils sont trois à se succéder entre Bazincourt-sur-Saulx, Rupt-aux-Nonnains et Haironville. Les deux derniers furent inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques, l’un en 1975, l’autre en 1950. Si ces ponts d’un nouvel âge esthétique conservent les Piles épaisses des ouvrages du Moyen-âge, ils gagnent pour le reste, en liberté de composition, en particulier, par l’abandon des Voûtes au profit de l’anse de panier ou l’Arc de cercle. C’est qu’au XVIème et XVIIème siècles, l’art du pont profitait de l’apparition des professions d’Architecte et d’ingénieur, elles aussi stimulées par la circulation des conNaissances.

Un mouvement infime

S'ils font référence en matière de technologie de pont, les ponts d'Haironville et de Rupt-aux-Nonnains n'ont toutefois pas bénéficié de l'invention majeure de l'arrière-Bec triangulaire. La tradition du pilier boutant fut la plus forte. Cette disposition offre une meilleure résistance aux poussées du courant. Toutefois, elle accentue l'affouillement des fondations et réduit le débouché des eaux en aval. La signature de l'époque se retrouve également dans la présence de la corniche à la base du parapet. Surtout reconnaissable dans la légèreté de dessins de l'ouvrage, elle traduit la volonté d'ajouter l'esthétique au fonctionne] mais la décoration générale reste sobre et le style de ces ponts a su passer les siècles, sans excès.

Armorié de 1557, le pont de Rupt-aux-Nonnains reste un modèle de pont ReNaissance. Il fut construit sur ordre de Jean de Roucy, prieur du Rupt-aux-Nonnains, en remPlacement d'un autre pont de pierre mentionné au XVème siècle. Du Moyen âge, il garde un très léger dos d'âne, qui lui donne un mouvement infime. Ses huit Arches en plein Cintre, de faible ouverture, sont confortés par des avant-Becs triangulaires sans chaperons que prolongent des arrières Becs rectangulaires, à chaperon très aplati.

Un cordon de pierre marque ostensiblement la base du parapet, sur lequel un calvaire culmine à 3,55 m. Les Dimensions de l'ouvrage présentent une belle régularité, avec une largeur de Pile de 1,20 m, une longueur d'Arche de 3,90 m, une largeur de chaussée, entre deux parapets, de 4,40 m et une largeur de parapet de 0,33 m. Des bornes chasse-roue, aucune ne manque aujourd'hui à l'appel, alignées serrées comme à la parade. Ce pont s'inscrit dans la continuité de la Place de l'église, au niveau de la plus grande largeur de la Saulx. Un tel choix présente l'avantage de passer de la Saulx au niveau de sa plus faible épaisseur d'eau, dont la pression se fait moins forte sur les Piles. A l'inverse, l'inconvénient de cette position tient dans l'obligation d'une plus grande portée, dont l'esthétique gagne toutefois.

Situé directement en aval, construit entre 1590 et 1615 sur le modèle de celui du Rupt, le pont d'Haironville a pleinement profité de la réussite de celui-ci. Puisqu’il ne compte pas moins de douze Arches. Rien n'altère son allure de pont classique : chaperons de Bec, arrière-Becs en contrefort, et cordon à la base du parapet. Son calvaire prend forme d'un véritable obélisque au pied duquel s'exaucent les prières.