II. - CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES DE L'OUVRAGE
Le site dans lequel vient s'inscrire le nouveau pont de Bordeaux est constitué par la Garonne, large de 500 m, coulant entre les coteaux calcaires de la rive droite, d'une altitude de 50 à 60 m et la région plate de la rive gauche dont la cote est inférieure à celle des plus hautes eaux.
Les terrains de fondation, faits d'alluvions récentes sont mauvais dans la région proche du fleuve. C'est ainsi que sur la rive gauche le sous-sol est constitué par 8 à 10 m de vase, puis par 8 à 10 m de sables et graviers limoneux au-dessus de marnes assez hétérogènes.
Le Port Autonome de Bordeaux et la Marine Nationale ayant demandé que le tablier dégage un tirant d'air de 57 m au-dessus de l'étiage, le pont se trouve arriver tout naturellement à la hauteur de la colline de Lormont, sans qu'il y ait besoin ni de terrassement important ni de viaduc d'accès sur cette rive. Sur la rive gauche au contraire, ii a fallu un long viaduc de 1014 m qui permet de descendre avec une pente de 4,66 % jusqu'au niveau du terrain avoisinant.
Le chenal de navigation étant contigu à la rive droite une économie sur la portée de la travée centrale a pu être faite en implantant en rivière le
Pylône rive gauche.
Les
Dimensions de la brèche à franchir ont conduit à la solution classique du pont
Suspendu et le
Service Central d'Études Techniques du Ministère des Travaux Publics a donc dressé l'avant-projet d'un tel ouvrage comportant une travée centrale de 393,75 m et deux travées latérales de 143 m. Les
Pylônes en
Béton ont une hauteur de 105 m su-dessus de leur encastrement sur les massifs de fondation.
Le pont
Suspendu correspond environ aux 2/3 du pont de Tancarville, mais par suite de la grande longueur du
Viaduc, l'ensemble de l'ouvrage est plus long (1,767 m au lieu de 1,420 m).
La largeur entre garde-corps est de 20 m, comprenant une chaussée de 14 m, deux pistes cyclables de 150 m et deux trottoirs de 1,10 m. Les calculs des
Tabliers ont été faits en prévoyant la possibilité d'élargir la chaussée à 17 m par suppression des pistes cyclables.
Il fût terminé le 6 mai 1967 avec son inauguration oficielle.
III. - L'ATTRIBUTION DES LOTS DE TRAVAUX
Les travaux du pont
Suspendu proprement dit ont été divisés en cinq lots et attribués en 1962, mais les entrepreneurs de ces lots ont été conjoints et solidaires pour la signature du m
Arché et se sont groupés dans une Société portant le nom de Société Anonyme de Coordination des Travaux du Nouveau Pont de Bordeaux. Les travaux ont commencé en janvier 1963. Le
Viaduc d'accès et sa
Culée creuse avaient été construits auparavant.
L'attribution des lots à des entreprises ou groupes d'entreprises différents a permis d'adopter pour chaque lot la solution jugée la meilleure. L'emploi de la formule de l'appel d'offres avec concours sur avant-projet de l'Administration, pour l'attribution des travaux de génie civil de l'ouvrage principal a donné d'excellents résultats. En ouvrant ce concours, l'Administration recherchait d'abord de bonnes solutions pour les fondations, évitant l'emploi de l'air comprimé trop onéreux aux grandes profondeurs. Sur ce point l'Administration a tout lieu d'être satisfaite. Les procédés de fondation employés ne sont pas entièrement nouveaux mais n'avaient jamais été employés avec une telle ampleur, si bien que l'on peut dire que le pont de Bordeaux a marqué une étape pour les procédés de fondation profonde n'employant pas l'air comprimé. II y a lieu de noter que la construction du pont avait été précédée par une large campagne de sondages poursuivie sur plusieurs années et comportant en particulier l'utilisation du "standard penetration test". M. Kerisel a aidé l'Administration de ses précieux conseils dans le jugement du concours et tout au long de la réalisation des fondations.
Mais le concours portait aussi sur les superstructures dans le cadre de l'avant-projet avec possibilité de variantes et là aussi l'Administration n'a eu qu'à se féliciter de la méthode adoptée qui a permis notamment de réaliser des
Pylônes d'un très heureux aspect.
IV. - LE Viaduc D'ACCÈS
Le
Viaduc d'accès a une longueur de 1.014 m en y comprenant sa
Culée d'about. Son profil en long est en pente uniforme de 4,66 %. Il comporte 21 travées indépendantes dont : 4 de 30,30 m de longueur ; 7 de 39,00 m ; 10 de 47,70 m.
Les
Piles sont parallélépipédiques. Leur hauteur varie de 8,80 m à 43,35 m. Elles ont une largeur uniforme de 19,73 m. Dans le sens longitudinal leur épaisseur varie de 1,60 m à 3,50 m.
Les variations des portées des travées et des épaisseurs des
Piles en fonction de la hauteur, sont le fruit d'une recherche de proportions harmonieuses sans alourdir l'économie du projet, notamment pour la pré-fabrication des
Poutres et leur mise en
Place qui nécessitent qu'il n'y ait pas trop de
Types de
Poutres différents.
Le
Viaduc et sa
Culée sont entièrement fondés sur pieux en
Béton armé. Une campagne de sondages d'essais au sol ou de pieux d'essais avait permis de fixer les objectifs tant pour les caractéristiques des pieux que pour les couches à atteindre par battage.
La longueur des pieux a varié de 18 à 27 m suivant la profondeur de la couche de marne. Ils ont été fabriqués par les CHANTIERS MODERNES et battus par cette Société conjointement avec l'entreprise COURBOT.
Chaque
Pile est fondée sur un groupe de pieux verticaux et obliques dont le nombre varie de 24 à 48 suivant le
Type de travée et qui supportent une forte semelle en
Béton armé sur laquelle est encastrée la
Pile.
Les
Piles sont creuses et raidies intérieurement par quatre cloisons intermédiaires placées à l'aplomb des
Poutres du
Tablier.
En ce qui concerne l'exécution des travaux il convient de signaler deux points intéressants : l'utilisation des
Coffrages glissants pour la construction des
Piles qui ont donné d'excellents résultats, notamment quant à l'aspect du parement, et le procédé de mise en
Place des
Poutres. Une vaste plate-forme, à l'arrière de la
Culée, servait à la fabrication en
Série des
Poutres (ferrail-lage,
Coffrage, coulage et
Précontrainte) et à leur stockage avant mise en oeuvre.