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Les timbres : Infos et conseils philatéliques pour mener à bien votre collection

Dossier Août 2006

Voir le Cachet du 15 Février 1969, La Trinité sur Mer (Morbihan) France, en rapport avec ce dossier
Voir le Timbre numéro 1585, France, datant de 1969, en rapport avec ce dossier

LE PONT DE KERISPER
LA TRINITE-SUR-MER
MORBIHAN - 56 (FRANCE)

Au Vème siècle avant notre ère, Démocrite soutenait que « Tout ce qui existe dans le monde est le fruit du hasard et de la nécessité ».

A la Trinité-sur-Mer, le magnifique Port de Plaisance qui de nos jours attire tant de visiteurs, n’a pas échappée à cette règle. Les hasards de la nature ont fourni le décor, les nécessités de la vie des hommes et le temps, on fait le reste.

Tout au fond d’une baie tranquille, la nature a ouvert un chenal bien abrité qui, avant de s’enfoncer loin dans les terres, s ‘élargit pour forme un havre naturel, superbe, aux qualités exceptionnelles d’accessibilité et de sécurité de mouillage.

Dès la plus haute antiquité, le site a été occupé par les hommes, bien avant que la flotte de Jules César vienne combattre celle des Vénètes, et sans doute avant même la civilisation des dresseurs de mégalithes.

Au XIIIème siècle, et jusqu’au milieu du XIXème, la Trinité-sur-Mer était une dépendance du gros bourg de Carnac, qui a quatre kilomètres de là ne possédait aucun mouillage en eau profonde susceptible d’accueillir les navires qui venaient approvisionner la région. Port de Carnac, le village de la Trinité-sur-Mer, accroché au versant ensoleillé d’une colline, ne comptait que quelques maisons basses blotties autour d’une chapelle, et sa population vivait aussi bien de la terre que de la mer.

Lorsqu’un des deux éléments ne nourrissait pas son monde, il était courant de se tourner vers l’autre. Mais petit à petit la différence entre marins et paysans se creusa, et c’est sans doute une opposition d’intérêts entre pêcheurs de la Trinité-sur-Mer et paysans de Carnac qui conduisit les premiers à réclAmer son indépendance à partir de 1860.

La grande année fut 1864 : à cette date, la Trinité-sur-Mer devint une commune libre et indépendante ; la même année, sur décision de l’évêque de Vannes, elle devint paroisse, et sa chapelle fut promue église. En 1891, le locher fut surélevé de près de dix mètres, mais il fallut attendre 1934 pour que l’intérieur soit agrandi aux Dimensions actuelles.

Entre temps, la première municipalité avait eu bien des soucis : retrouver sa part de biens communs sur l’ancienne commune de Carnac, couvrir ses premiers budgets, édifier une mairie et une école, un presbytère et un cimetière. En 1889, un mur de soutènement fut construit entre le môle et la première criée, afin d’élargir le quai. En 1901, on inaugura une atTraction : le pont de Kerisper –Architecture métallique d’Eiffel- qui ouvrait une liaison directe avec Saint-Philibert, Crac’h et Locmariaqueur. 1908 vit la mise en Service d’un petit chemin de fer à voie étroite de la Trinité-sur-Mer à Etel, ligne dont l’exploitation ne disparut qu’en 1938. Le pont fut déruit en 1944 par les troupes allemandes en Retraite, et ne fut reconstruit qu’en 1956. Pendant toutes ces années, l’activité des Trinitains s’était de plus en plus dirigée vers la mer. Certains étaient restés agriculteurs. D’autres préféraient faire venir l’eau de la mer sur les terres pour extraire le sel ; le métier de paludier était pénible et les résultats aléatoires, mais le climat était propice, et la Trinité-sur-Mer connut pendant tout le XVIIIème siècle, et jusque vers 1860, l’exploitation d’importantes salines. Cette activité déclina avec le XIXème siècle, se poursuivit tant bien que mal au cours de quelques décennies, puis, devant la concurrence des grandes salines du Midi, cessa complètement vers 1960.

La source de vie et de prospérité restait donc le port, dont l'évolution au cours des cent dernières années correspond sensiblement à trois périodes qui se sont harmonieusement remplacées l'une l'autre, comme dans une sorte de "fonduenchainé".

Depuis l'ancien régime et jusqu'à la fin de la première guerre mondiale, la Trinité fut un port de commerce. Le principal trafic se faisait avec l'Angleterre, mais il n'était pas rare de voir au mouillage des navires en provenance des Antilles ou d'Amérique du Sud. Le Cabotage était important et les archives indiquent qu'en 1900 il passait au port environ 500 navires par an.

A la même époque existait une première criée au poisson, bâtiment en bois appuyé, moitié sur terre et moitié sur l'eau, ce qui démontre que la pêche avait déjà fait son apparition. Mais le trafic important restait l'expédition de rondins de bois destinés à devenir poteaux de mines au Pays de Galles.

Au retour, les navires apportaient du charbon Gallois, bien meilleur et moins cher que celui du Nord de la France. Les Mines du Nord, se prétendant lésées, obtinrent du gouvernement Tardieu, en 1931, le contingentement des charbons de Grande-Bretagne, et des droits de douane prohibitifs.

Le résultat ne se fit pas attendre ; les Britanniques achetèrent leur bois en Scandinavie, et limitèrent sévèrement leurs importations de pommes de terre. Plus de fret pour les Bretons : ce fut la ruine des armateurs, des marins et des mArchands de bois.

La pêche prit alors le relais, et le port, déserté par les Trois-Mâts, les Bricks et les Caboteurs, se couvrit de bateaux de pêche. Outre les Trinitains, venaient les voisins du Bono, qui pêchaient au chalut, la nuit; ceux d'Etel, qui recherchaient la sardine, le maquereau et la sole; et même ceux de Séné, spécialisés, avec leurs Sinagots, dans la crevette et les crustacés.

La première Criée, démolie en 1923, dut être remplacée par une plus grande.

Mais les métiers les plus durs connaissent aussi des moments de détente : depuis longtemps les pêcheurs avaient pris l'habitude, aux jours de repos ou de Fêtes, de se lancer des défis pour confronter leurs bateaux, devenant ainsi les premiers regatiers. Le 23 mai 1879, ils fondèrent la Société des Régates, devenue en 1967 la Société Nautique de La Trinité. Dés 1900, ces régates amicales devinrent de réelles compétitions, avec classements et remises de prix. Des amateurs, de plus en plus passionnés, venaient de partout, même d'Angleterre. Mais jusqu'à la seconde guerre mondiale, seuls quelques privilégiés pouvaient acquérir et surtout entretenir, des bateaux de promenade aux coques en bois et voiles en coton.

La fin des années 50 vit apparaître les premières coques en plastique, l'Acier inoxydable, et les voiles en tissus synthétiques : ces nouvelles matières allaient entraîner le formidable développement de la plaisance, qui a donné au port sa troisième destinée, et l'aspect que nous lui connaissons.

Aujourd'hui, le Port de La Trinité ne connaît plus guère, à part quelques rares pêcheurs locaux, que deux activités : la Plaisance et l'Ostréiculture.

Depuis le XVIIIème siècle, on savait que la rivière de Crac'h abondait en huîtres sauvages, mais à force de draguer les fonds, les pêcheurs avaient presque fait disparaître ces mollusques et dispersé leurs larves. On inventa de collecter ces larves ou "naissin", sur des fagots, puis sur des tuiles chaulées, pour les élever ensuite dans des pArcs conçus à cet effet. L'entreprise réussit; la maladie élimina presque complètement l'huître plate, mais à ce jour l'huître creuse de Bretagne est appréciée dans toute la France.

Quant à la plaisance, il suffit de savoir que les quelques 1150 Places disponibles en saison sont toutes retenues, que la panne "Visiteurs" ne désemplit pas, que la S.N.T a diversifié ses écoles de voile, et a considérablement agrandi ses locaux, que le Port a fait édifier en 1988 une Capitainerie moderne et fonctionnelle, pour penser que cette activité a encore de nombreuses belles années devant elle.

Certes, des foules affluent à La Trinité, au moment des vacances, ou à l'occasion des grandes manifestations nautiques, Spi Ouest-France, Trophée des Multicoques, régates diverses, Fête des Vieux Gréements, mais il serait dommage que tous ces visiteurs ne conservent qu'un souvenir limité au port et au cours des Quais.

Un chemin de ronde serpente le long de la rivière, promenade pittoresque qui conduit aux plages : petites anses idéales pour les enfants, ou grandes plages de sable fin, Kerbihan à la pointe de Ty Guard, ou Kervillen, entre les dunes du Poulbert et la belle plage du Men Dû.

Derrière le quai, de petites rues pentues et sinueuses desservent le Vourh Coz -Vieux Bourg- et mènent vers l'Eglise, la Poste, les Ecoles, ou la Bibliothèque.

L'arrière-pays, moins fréquenté, offre toute l'année des promenades balisées, comme le circuit des anciennes salines de Beaumer-Kerdual. Là on retrouve une nature quasi sauvage: espaces verts et zones humides fournissent des écloseries pour les poissons, et des aires de gagnage pour les oiseaux.

Vers le Nord de la Commune, le pays reprend un aspect plus champêtre, entrecoupé de massifs boisés, d'herbages, de landiers, des quelques terres maintenues en culture, et du périmètre de chasse de l'Amicale des Chasseurs. Il est parsemé de vestiges mégalithiques - Alignements du Petit Ménec, Dolmen de Kerdro-Vihan, Allée couverte de Marié Roularde, entre autres -.

Le calme et la quiétude qui se dégagent des petits hAmeaux disséminés dans ce secteur, - les Ker : Kerisper, Kervilor…- forment pendant la saison un contraste saisissant avec la fébrilité toute proche du port.

La beauté, la variété, la richesse, et parfois l'étendue des paysages découverts en pArcourant le pays sont exceptionnelles, tout comme l'étonnante luminosité bien connue des peintres, qui accentue les reliefs et avive les couleurs.

Une image pour illustrer ce pont :



Essentiel à retenir :

Une route la reliant déjà à Auray, la Trinité n'avait pas un besoin réel d'un axe routier tourné vers Saint-Philibert et Locmariaquer dont les échanges commerciaux ainsi que les déPlacements des villageois restaient faibles.

Mais l'époque était aux grandes réalisations, et nombreux députés ou dignitaires élus en profitaient pour marquer de leur empReinte leur département, leur commune, ou tout simplement leur village. C'est ce qui arriva au bourg de la Trinité qui hérita d'un ouvrage d'art presque inutile.

Néanmoins, l'étude de la construction d'un pont enjambant la rivière mûrit dès 1887 et, c'est en tout début 1899 que le conseil municipal arrêta le projet qui lui semblait le mieux approprié aux lieux et d'un coût raisonnable.

Avec l'aide du Département on commença la construction des premières Piles en juillet 1899, puis le Tablier métallique de conception Eiffel fut monté plus tard en trois parties dont deux démarrant de chaque rive pour se voir réunies par la troisième en plein milieu.

Les curieux étaient nombreux à suivre quotidiennement le montage et l'assemblage de l'ensemble qui atteignait une portée de 100 mètres. Les divers éléments Préfabriqués en usine arrivaient de part et d'autre de la rivière pour être montés sur Place grâce à des palans et engins de levage dont le principe de mobilité appartenait, c'est le moins qu'on puisse dire, à la fin du XIXème siècle.

Sous la direction de Monsieur Louis Guillouet, agent voyer cantonna/ à Auray, les travaux furent confiés à l'entreprise régionale Limouzin et se terminèrent au début de l'été 1901. C'est en Juillet de cette même année qu'eut lieu l'inauguration de cette Impressionnante construction.

Bon nombre de Morbihanais vinrent admirer la réalisation de ce pont tant le bruit courut rapidement qu'elle était extraordinaire et qu'il fallait au moins une fois dans sa vie éprouver la douce ivresse du vertige produit par le vide.

Le Tablier métallique situé à 18 mètres au dessus du niveau 0 de la mer ressemblait à une cage.

Les éléments qui le composaient étaient assemblés par des rivets; force croisillons raidissaient l'ensemble.

C'est en 1944 que les Allemands firent sauter le pont pour protéger leur repli. La Trinité se retrouva donc sans communication routière avec les petits bourgs situés sur la rive opposée de la rivière de Crach.

Il fallut attendre quinze ans pour que les Trinitains assistent à la pose de la première pierre du second pont de Kérisper (10 Novembre 1956), ce qui montre bien que le bourg n'était pas isolé du grand centre de commerce que représentait Auray (mArchés, foires).



Date de denrière modification su site : Vendredi 30 Octobre 2015 à 10:32
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