LE PONT DE TREVOUSE
Sorgue d'Entraigues ; Sorgue de Velleron ; Sorgue de Vaucluse; canaux de Souspiron, de Boutifard, fuyant du Moulin des Toiles ; mayres des Saumades, des Capitaines, des Anselme, de Causeran, de Valobre, de Malgouvert, du Campsec ; béal du Moulin Vieux: autant de cours d'eau naturels ou domestiqués à enjamber.
Exercice nécessaire pour rejoindre fabriques et moulins, pour aller d'une terre à l'autre, pour se rendre dans les villes et villages voisins.Édifices publics ou privés, passerelles et ponts qui s'égrènent le long de la Sorgue et de ses multiples ramifications, contribuent à la
Formation d'un patrimoine
Architectural spécifique.
Seuls échappent aux phénomènes d'érosion et de banalisation, les ponts qui, il y a quelques dizaines d'années seulement, agrémentaient les actuelles rue Salvador Allende,
Place du Béal et... le PONT DE TREVOUSE.
OUVRAGE PRIVE
Géographiquement éloigné des limites de Bédarrides et Entraigues, le Pont de Trévouse échappe aux différents désaccords portant sur des affaires de vannes, de curage des fossés, d'arrosage qui émaillèrent les relations entre ces deùx communautés 23 ans durant, de 1569 à 1592.
Cette année-là, après avoir connu les méfaits de la peste et des guerres de religion, les deux communautés s'accordent pour
" creuser un vallat pour faire séparation "
entre leurs territoires en se partageant les frais.
Les syndics d'Entraigues décident en outre de construire un pont sur le chemin public allant à Trévouse. Guillaume Roux et la communauté se répartissant, à parts égales, la dépense.
Implanté en un lieu dont les propriétaires successifs ont généralement pignon sur rue (bourgeois ou nobles avignonnais ou carpentrassiens) le Pont de Trévouse, jusqu'à la Révolution, semble échapper aux vicissitudes locales.
Trois nouveaux ponts sont construits sur le vallat de Valobre, un autre par côté du Chemin Vieux sur la mayre des Capitaines (1745), le Pont de la Fuste, sur le Boutifard, est démoli puis reconstruit en 1750.
La pierre remPlace de plus en plus souvent le bois, jusqu'à présent utilisé dans la réalisation de ces ouvrages. Le Pont de Trévouse ne connaît pas la même évolution.
En 1776, l'enregistrement de la transaction entre la famille Payen et le marquis d' Euvrich par la Chambre Apostolique de Carpentras, fait état
" du grand pont de bois qui existe sur la Sorgue ".
GESTION SYNDICALE
Suite à la commission qui lui a été donnée le 8 prairial an 13 (28 mai 1805), par Pastour cadet, d' Entraigues, Saturnin Goubet, Félix Samuel, Jacques Boulle de Saint-Saturnin, Claude D
Ame, Nicolas Crest, François Coupard et Jean Couvery de Morières, syndics, le maître maçon Bourdet établit un devis estimatif des réparations très urgentes à faire sur le pont d'un montant de 2.400 francs.
Cette proposition ne sera pas suivie d'effet.
PREMIERE RECONSTRUCTION
L'
Architecte Bassaget, d'Avignon, est sollicité à son tour pour un nouveau projet de reconstruction. Il présente le 12 septembre 1812 un plan du pont reconstruit en pierre.
Le 15 octobre suivant, suite à une délibération des syndics en date du 20 septembre, il fournit un devis envisageant une reconstruction mixte:
Culées et
Pile en
Maçonnerie,
Tablier et parapet en bois.
L'estimation atteint le montant de 3.992 francs 69.
Le 16 mai 1813, les syndics de Saint Saturnin et Morières, sous la présidence du maire d'Entraigues, constituent l'assemblée délibératoire ayant à se prononcer sur la reconstruction totale, en bois ou en pierre, du pont de Trévouse.
L'adjudication de la reconstruction d'un pont en bois se déroule comme prévu le 30 mai en la maison commune d'Entraigues " à la chaleur des enchères et au rabais sous la mise à prix de 4.000 francs ".
ENTRAIGUES AVAIT RAISON
1820
L'état du pont qui la jouxte révèle à la lecture du rapport fait par Louis Michelier, maître maçon, à la demande des syndics le 15 août 1819.
" Ayant soigneusement examiné l'état actuel du pont, j'y ai reconnu l'urgente nécessité de le reconstruire le plus tôt possible, ... il présente un danger imminent : il a donné dans toutes les parties... la cHarpente s'écroulerait infailliblement si l'on néglige davantage sa reconstruction ".
Le devis établi préconise de reconstruire une
Pile entre les deux
Culées sur une longueur de 6 mètres pour 1.25 m de largeur et 2.50 m de hauteur; d'abaisser chacune des
Culées de septante cinq centimètres ; d'utiliser 12
Poutres pour la reconstruction ; la fondation de l'ancienne
Pile " ne se trouvant pas bien dans le milieu entre les deux
Culées, l'entrepreneur
Placera les six plus grosses
Poutres à l'endroit qu'il aura le plus d'espace... ". L'entrepreneur sera chargé de faire le
Batardeau à ses frais et dépenses, ainsi que l'épuisement des eaux jusqu'au bas-fond de la Sorgue.
Le 16 août 1820, le sous-préfet de Carpentras approuve le procès-verbal d'adjudication des travaux au prix de 645 francs. Pierre Michel, maître maçon patenté d'Avignon, moins-disant des 4 postulants, effectuera les travaux. Il les termine le 2 septembre.